YJKII (le livret)
Chants du renouveau de la tradition - Musiques des Karitiana
Les Karitiana sont aujourd’hui 320 et vivent dans leur propre réserve indigène, située à 95 km au sud de Porto Velho, la capitale de l’État de Rondonia, au Brésil. La proximité d’une grande ville leur permet d’avoir un contact très étroit avec la société du pays, à laquelle ils participent de diverses manières comme individus ou en tant que communauté. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.
Nous ne savons pas exactement quand les premiers contacts entre les Karitiana et les non-indiens se sont passés, mais ils sont mentionnés pour la première fois en 1909 dans la littérature, par un membre de la commission Rondon, qui avait pour mission d’installer des postes télégraphiques dans les régions reculées du pays. Les Karitiana ont travaillé comme extracteurs de caoutchouc et guides forestiers dans les premières décennies du XXe siècle. Depuis les années 1950, ils ont eu des contacts plus intenses avec les employés du Bureau national des Indiens (SPI et FUNAI) et avec les missionnaires salésiens. Le contact initial a causé un sévère déclin de la population, au point que, selon leur histoire orale, dans les années 1930 ou 1940, leur nombre s’était réduit à moins de trente personnes. Au moment de l’imminence de l’extinction, les deux derniers villages restants décidèrent de s’unir et s’établirent dans la région qu’ils occupent aujourd’hui. Les mariages qui résultèrent de cette réunion inversèrent le déclin de la population. Dans les années 1970, les Karitiana étaient 64. Les données disponibles montrent que la population croît à une vitesse étonnante : elle a plus que doublé dans la dernière décennie.
Aujourd’hui, les Karitiana survivent principalement de leur agriculture domestique et de chasse et de pêche. Parfois, ils cultivent pour vendre à l’extérieur du maïs, du café ou des haricots, mais les résultats de ces efforts, dépendant du prix de ces produits sur le marché, ne sont pas toujours positifs. Une autre source de revenus provient des produits artisanaux, qu’ils vendent avec difficulté à travers leur association, localisée au Bureau indien (FUNAI) de Porto Velho. Quelques personnes du village sont employées par la ville, le gouvernement fédéral (les professeurs, les ouvriers communaux, les assistantes infirmières, etc.). Dans leurs foyers, l’agriculture, la chasse et la pêche ne sont plus couramment pratiquées.
En ce qui concerne la religion, les Karitiana sont divisés en deux groupes différents : les protestants et les traditionalistes. Les premiers sont dirigés par trois chefs (dans trois églises du village) et les autres sont représentés par le shaman. Cette séparation reflète l’extension d’une division plus ancienne entre le shaman et le chef politique qui commence à menacer l’unité du groupe. Les deux groupes religieux affirment être traditionnels et disent supporter le renouveau de la tradition du groupe. Cependant, la famille du shaman a récemment quitté le village Karitiana, pour s’établir dans un nouveau village. Son départ a été motivé notamment par le rejet de l’influence protestante.
Un des traits culturels qui reste fort parmi les Karitiana aujourd’hui est leur système de parenté qui est dravidien et avunculat. Une femme épousera de préférence un cousin croisé ou un oncle maternel, dans un tel système. Les oncles paternels d’une femme sont considérés comme des figures du père, et les mariages avec les personnes de ce statut sont donc interdits. Les Karitiana admettent que, dans le passé, les règles de parenté furent violées au nom de la survie du groupe. C’est pour cette raison qu’ils sont à présent encore plus déterminés à retrouver leurs traditions.
le CD : les titres
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